Pin Ups (également orthographié Pinups et Pin-Ups) est le septième album studio de David Bowie, sorti en octobre 1973.
Entièrement composé de reprises de chansons des années 1960, Pin Ups est un hommage au Londres du courant mod.
C'est le dernier album que le chanteur enregistre avec le guitariste Mick Ronson et le bassiste Trevor Bolder.
Le batteur Mick Woodmansey, troisième membre des Spiders from Mars, est quant à lui remplacé par Aynsley Dunbar.
Les séances se déroulent au château d'Hérouville, en France, au mois de juillet 1973.
Porté par le succès des précédents disques de Bowie, Pin Ups se classe en tête des ventes au Royaume-Uni dès sa sortie.
La critique se montre circonspecte face aux interprétations glam rock du chanteur, dont ce disque reste le seul album de reprises.
Contexte
Le 3 juillet 1973, David Bowie tue symboliquement son personnage de Ziggy Stardust sur la scène du Hammersmith Odeon,
à Londres. Juste avant d'entamer Rock 'n' Roll Suicide, il déclare : « Il s'agit non seulement du dernier concert de la tournée,
mais c'est aussi le dernier concert que nous ferons jamais. » Le Ziggy Stardust Tour dure alors depuis janvier 1972, et ces dix-huit mois
sur les routes ont été épuisants pour le chanteur, physiquement et moralement. Il affirme par la suite avoir eu de plus en plus
de mal à faire la distinction entre son personnage de rock star extraterrestre et lui-même, au point d'être au bord de la folie.
Des raisons plus prosaïques sont sans doute également à l'œuvre, comme le risque que RCA Records, la maison de disques de Bowie,
refuse de financer une troisième tournée américaine, et le désir de réaliser un coup de pub en faisant parler de lui par cette
déclaration sensationnelle.
Cette décision prend par surprise le public, mais aussi certains des musiciens qui accompagnent Bowie sur scène. Parmi les Spiders
from Mars, seul le guitariste Mick Ronson a été mis dans la confidence : le bassiste Trevor Bolder et le batteur Mick Woodmansey
n'apprennent la nouvelle qu'au moment de l'annonce de Bowie. Les relations entre le chanteur et ses musiciens se sont dégradées
au cours des mois précédents pour plusieurs raisons, parmi lesquelles d'importantes différences de salaire (Bolder et Woodmansey
touchent beaucoup moins d'argent que les musiciens ayant rejoint la tournée après eux), le prosélytisme du pianiste Mike Garson,
membre de l'église de Scientologie qui convainc Woodmansey de se convertir, et le désir de Bowie d'explorer de nouveaux horizons
musicaux loin d'un groupe dont il se sent désormais prisonnier. Ces dissensions sont alimentées par l'imprésario de Bowie,
Tony Defries, et sa société MainMan.
Durant les quelques jours qui suivent le concert du 3 juillet, Bowie réside au Hyde Park Hotel de Londres. Il décide très vite
que son prochain album doit être entièrement composé de reprises de chansons populaires dans la sous-culture mod du milieu des années 1960
et procède au choix des chansons avec Scott Richardson, un ami d'Iggy Pop dont il a récemment fait la connaissance. Au-delà du souhait
de rendre hommage à une époque, il s'agit aussi d'un moyen pour le chanteur de prendre du repos sans pour autant rester inactif.
D'après Tony Zanetta, vice-président de MainMan à l'époque, une querelle entre la compagnie et Chrysalis, l'éditeur de Bowie,
aurait également joué un rôle dans ce choix : un album de Bowie sans compositions du chanteur ne rapportera rien à Chrysalis.
Analyse
Avec tout le monde, du groupe à Don McLean, faisant des albums oldies, les Who revisitant l'ère Mod, et le génie évident du
guitariste de David Bowie , Mick Ronson, dans le genre (comme en témoigne son one-man Yardbirdmania sur "Jean Genie"),
l'idée d'un album recréant des classiques du rock anglais du milieu des années 60 semblait parfait. Et chaque chanson
incluse est un favori personnel depuis des années.
Pour Bowie, ils ont été plus – ils sont représentatifs d'une phase de la scène londonienne dont il faisait partie en tant
que leader de Davy Jones & the King Bees. Il avait les racines, la perspective et la motivation nécessaires pour faire de
cet album un succès. Malheureusement, quelque chose s'est mal passé dans l'exécution.
Bien que beaucoup de morceaux soient excellents, aucun ne résiste aux originaux. Cela pourrait être compréhensible lorsqu'il
s'agit des Who (je doute qu'ils puissent égaler leur propre "Anyway Anyhow Anywhere" aujourd'hui) ou Pink Floyd. Mais même en 1965,
n'importe lequel d'un millier de groupes aurait pu faire "Everything's Al' Right" aussi bien que les Mojos, et même les McCoys ont
fait une meilleure version de "Sorrow" que les Merseys ou Bowie.
Mais la comparaison avec les originaux est inutile, car ils ne seront pas familiers à la plupart de ceux qui écoutent l'album.
Dans cette optique, bon nombre des réductions sont un peu plus élevées. Ronson & Co. produisent de bons morceaux délirants pour
"Rosalyn" des Pretty Things, "I Wish You Would" des Yardbirds et "Where Have All the Good Times Gone" des Kinks.
Mais tous ont été sous-produits. Les chansons ont été conçues à l'origine comme du fourrage pop instantané et trash, et leur
simplicité exige un côté rugueux pour leur donner le punch dont elles ont besoin pour être efficaces. Ce bord manque, puisque
les pistes sont mixées pour faire place à la voix de Bowie. Et c'est là que réside le véritable échec des Pinups .
Dans le passé, les voix de ce genre criaient pour attirer l'attention du centre même de l'explosion de bruit pur des morceaux.
Mais la voix de Bowie flotte négligemment au-dessus de la musique, et sa voix excessivement maniérée est un décalage ridiculement
faible pour le matériau.
J'ai toujours considéré Bowie plus que simplement avant-gardiste et je lui attribue les meilleures intentions. Et tandis que
Pinups peut être un échec, c'est aussi une collection de grandes chansons, dont la plupart reçoivent un traitement plus qu'adéquat
et toujours affectueux. Peut-être que la conclusion la plus juste à tirer est que Bowie ne peut pas chanter autrement, a fait de son
mieux et le résultat n'est pas si mal.
COVER-STORY
La pochette de l'album est une photo en gros plan de Bowie et du mannequin Twiggy, qui pose la tête sur l'épaule du chanteur.
Leurs regards sont dirigés droit vers l'objectif. Twiggy a la peau bronzée et Bowie la peau pâle, mais leurs visages sont maquillés à
l'opposé : teint pâle pour le mannequin et mat pour le chanteur. Ce maquillage, conçu par Pierre Laroche, joue sur le contraste
entre la pâleur de Bowie et le bronzage de Twiggy, qui rentre tout juste de vacances.
Cette photo est l'œuvre de Justin de Villeneuve (en), le manager de Twiggy. Elle est prise le 18 juillet 1973 à Paris pour faire
la couverture de l'édition britannique de Vogue. En fin de compte, Bowie est tellement séduit par le résultat qu'il décide
d'en faire la pochette de son album à la place. D'après Twiggy, le magazine aurait également hésité à faire apparaître un
homme sur sa couverture pour la première fois.
La pochette arrière présente trois photos de l'artiste par le photographe Mick Rock, dont deux prises lors de concerts de la
tournée Ziggy Stardust et une troisième où le chanteur pose avec un saxophone. Elle présente la liste des chansons,
ainsi qu'un court texte de la main de Bowie, dans son écriture, en lettres roses sur fond bleu pour un effet psychédélique.
Une autre photo de David Bowie avec son saxophone occupe l'insert central, avec d'un côté la liste des musiciens et de l'autre,
les paroles de Where Have All the Good Times Gone qui est la seule chanson de l'album dont les paroles sont reproduites.